Pour une semaine de vacances à vélo au début du printemps, j’ai choisi d’aller vers le chaud. C’est donc tout naturellement que je me suis tournée vers l’Espagne. Je me suis donc concocté un itinéraire à vélo depuis le désert des Bardenas, la Navarre pour finir au Pays Basque au bord de l’océan.
Informations pratiques
Comment y aller en train avec son vélo
Depuis Paris, on peut prendre le TGV jusqu’à Hendaye avec réservation de place vélo. Vous pouvez trouver ici mon tuto pour trouver et acheter sa place vélo dans un train.
Puis j’ai pas mal cherché sur le site de la RENFE pour trouver le trajet en train régionaux espagnols jusqu’à mon point de départ à proximité des Bardenas. J’ai finalement trouvé avec un changement à Altsasu. Le site ne propose pas de base ce changement à Altsasu car il faut changer de gare, ce qui ne pose pas de problème à vélo (moins de 10min de vélo entre les 2 gares). A la place, ils proposent un changement à Vitoria – Gasteiz qui fonctionne aussi mais fait faire quelques kms en plus. Il faut parfois prendre un supplément vélo en achetant son billet (au moment de l’achat) sur le site de la RENFE. Les explications en français et les trains autorisés avec son vélo sont disponibles ici.
Pour le retour, j’avais prévu de pédaler avec mon vélo depuis les Bardenas puis la Navarre jusqu’au Pays Basque français pour repartir d’Hendaye avec le TGV direct. Malheureusement il a été annulé avec la grève (contre la réforme des retraites de 2023). Je suis partie finalement de San Sebastian un jour plus tôt. J’ai pris un genre de RER qui part tous les 1/2h et dure 35min pour Hendaye. J’ai enchainé ensuite avec un TER pour Bordeaux puis un TGV avec place vélo réservée pour Paris.
Ravitaillement
Aucun souci pour se ravitailler sur le parcours, il y a beaucoup d’épiceries ou de supermarchés. De plus tous les bars quasiment servent des pintxos et des tortillas ce qui est très pratique pour les pauses des cyclistes. Pas d’inquiétude de mourir de faim ou de soif en Espagne.
Hébergements
Pour limiter les coûts, j’ai cherché des auberges et des nuits en dortoir. Il faut chercher Albergue sur google. Je me suis donc trouvée souvent sur le parcours du Camino, le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, car c’est l’hébergement typique de ce pèlerinage. Je détaille les hébergements dans le parcours détaillé par la suite.
Stationnement du vélo
L’une de mes inquiétudes du voyage était de pouvoir stationner mon vélo en sécurité la nuit, notamment dans les villes. Au final, je n’ai eu aucune difficulté. J’ai pu mettre mon vélo à l’intérieur de tous les hébergements (même une fois dans la laverie de l’hôtel). J’ai eu l’impression que les hôteliers avaient plutôt l’habitude de ce type de demandes et n’étaient pas choqués que je la formule.
A Pampelune, il existe un service de stationnement sécurisé des vélos dans la rue, dans des boites vidéosurveillées, pour 2€. Je n’ai pas essayé mais il suffit de télécharger l’application a priori.
Voitures et parcours
Il est parfois difficile d’éviter les grosses routes face à l’absence d’alternative. Heureusement, les espagnols au volant sont globalement très respectueux des cyclistes. Et les grosses routes ont souvent une bande de 1m/1,5m sur le côté qui permet d’être un peu à l’écart. Cela reste un des points négatifs du voyage. Il n’y a pas beaucoup de petites routes et lorsqu’il y en a, ce sont souvent des chemins agricoles avec un revêtement plus ou moins roulant. J’étais contente d’avoir un vélo gravel qui m’a permis de justement prendre ces petites routes.
Il n’y a pas beaucoup de pistes cyclables sauf à San Sebastian. En revanche, j’ai pu faire 2 voies vertes : celle d’Irati et celle de la Plazaola. Les deux valent le détour et sont décrites dans le détail ci-dessous. Le détail des voies vertes de Navarre est ici et celui pour l’ensemble de l’Espagne est là. Elles sont aménagées comme des espaces naturels et donc avec un gravier assez roulant mais pas d’enrobé. Les tunnels sont rarement éclairés, n’oubliez pas vos lumières.
En termes de relief, à peu près rien n’est plat. J’ai fait de petites étapes pour ne pas cumuler beaucoup de dénivelé par jour mais le compteur monte vite. Au final, j’ai pu trouvé un parcours à vélo varié me permettant de découvrir les Bardenas, la Navarre et le Pays Basque.
Une semaine à vélo en Espagne entre Bardenas, Navarre et Pays Basque : détail du parcours
Jour 1 : désert des Bardenas
Après mon trajet en train, j’ai dormi à l’auberge la Huertica à Valtierra où je suis restée 2 nuits pour passer une journée à visiter les Bardenas. Cette auberge dispose d’un local vélo pour 3€.
J’ai tout simplement fait la boucle d’environ 35km qui fait le tour de la zone militaire. N’oubliez pas de prendre de l’eau, c’est bien un désert. Je n’ai pas progressé pas très vite car j’ai fait beaucoup d’arrêts photos. C’est un lieu assez incroyable, effectivement digne d’un western américain. Il y a des monuments rocheux avec des formes alambiquées, d’anciennes cabanes de berger et au milieu une route de gravier. Cette zone désertique est entourée de champs dont on se demande comment ils sont irrigués l’été.
58 km, 270m de D+
Jour 2 : de Valtierra à Olite
Peu de km pour cette journée que j’ai pédalé le matin pour pouvoir visiter Olite l’après-midi. C’est une très jolie petite ville médiévale avec son château royal réhabilité au XVième siècle avec moult tours à monter et à descendre. Olite est l’ancienne capitale de la Navarre, région où je suis actuellement et qui fait culturellement partie du grand Pays Basque (beaucoup de choses sont traduites en Basque). Olite est aussi la capitale des vins de la Navarre.
J’ai dormir à l’hôtel Alda Castillo de Olite qui m’ont gentiment autorisé à stationner mon vélo dans leur laverie.
38km, 440m de D+
Jour 3 : de Olite à Undués de Lerda
Mais qu’est-ce que je fais là au milieu de nulle part ? C’est ce que je me dis peu avant l’heure du déjeuner lorsque la faim commence à se faire sentir en ne voyant que des chemins de gravier devant et derrière et aucune âme qui vive.
L’aventure dans l’aventure
Pourtant, j’avais commencé la journée de manière toute à fait classique par une belle montée jusqu’au village de Ujué et son église du XIème siècle.
Ensuite, ce fut le début de l’aventure dans l’aventure. En effet, pour éviter une grosse route, j’ai choisi de suivre la proposition de Komoot qui fait passer par des chemins dont je ne suis pas très sûre de l’existence ou du fait que j’arrive à y passer avec mon vélo. (Komoot m’avait déjà envoyé vers un chemin qui n’existait pas un mois auparavant lors d’une randonnée en Italie). Une carte sur place m’indique que le chemin que je souhaite prendre est indiqué en chemin de randonnée « GR » sur environ 1,5km. Je me lance.
Assez vite, je me dis qu’il faudra que ça passe car je ne pourrais pas faire demi-tour. En effet, je suis beaucoup descendue dans des chemins très très accidentés. J’avance doucement dans les descentes, encore plus doucement dans les montées. Je suis au milieu de collines, avec aucun village ou humain ou même mouton à l’horizon, sur un chemin de 4×4. Après une bonne montée, j’atteins finalement la sortie du vallon et me retrouve avec une superbe vue sur la vallée du fleuve Aragon. J’aperçois même les sommets enneigées des Pyrénées au loin. Quel soulagement et fierté d’y être arrivée ! J’ai bien mérité mon pique-nique.
Le retour à la civilisation
Après la descente vers les villages, les routes et la civilisation, il me reste encore quelques kms et une montée finale vers le village de Undués de Lerda. Ce village est sur la route du chemin de Compostelle, ce qui me permet d’y trouver une super auberge, tenue par une très gentille dame (qui m’a cuisiné un très bon bocadillo). Dans laquelle je suis seule car c’est hors saison. Ça sera mon unique incursion dans la région Aragon, j’avais en effet franchis le fleuve du même nom pour y arriver.
65km, 1070m de D+
Jour 4 : de Undués de Lerda à Aioz
C’est ce jour-là que j’expérimente ma première voie verte de Navarre. Je démarre la journée par une décente dans le froid. En effet, il fait 3 degré, comme pour me rappeler que ce n’est pas encore l’été. Je passe devant le château de Javier du Xième siècle, où naquit St François Xavier.
Ensuite, je rejoins la voie verte de l’Irati. Il s’agit d’une ancienne voie de chemin de fer qui serpente au fond d’un canyon. Les anciens tunnels du train sont toujours utilisables, c’est marrant d’y passer. Une fois sortie de la voie verte, je choisi de faire une belle montée pour aller jusqu’au point de vue sur la Foz de Arbaiun. Je ne regrette pas mon effort, la montée valait le coup. J’ai 100m de vide sous mes pieds, beaucoup de rapaces qui tournoient au-dessus de ma tête, un canyon très impressionnant creusé par un petit cours d’eau qui avance doucement au fond.
Ensuite, je fais demi-tour pour obliquer vers l’Ouest et enfin prendre la direction de l’océan. Le demi-tour sera le thème de la journée car je suis tombée plus loin sur une route fermée par le propriétaire. Impossible de passer et je ne me vois pas avancer et me retrouver face à un virulent agriculteur. Demi-tour donc pour quelques kms en plus et un passage par la grosse départementale. Je finis la journée à Aioz où je dors à l’hôtel. Aioz est une mignonne petite ville avec un très joli pont médiéval à 4 arches.
77km, 680m de D+
Jour 5 : de Aioz à Pampelune
Je fais le trajet rapidement par une grosse route sans intérêt. En effet, je n’ai pas trouvé d’alternative. Les pistes cyclables à l’arrivée dans Pampelune sont fort appréciées. Je consacre l’après-midi à la visite de la ville. Pampelune est une étape importante du camino. Même si c’est la basse saison, je croise des pèlerins dans les rues, dans la cathédrale. Dans mon auberge, je suis la seule à ne pas faire le camino. Beaucoup de nationalités différentes font visiblement ce chemin, la cuisine de l’auberge est remplie de pèlerins d’Europe mais aussi d’Asie.
28km, 150m de D+
Jour 6 : de Pampelune à Goizueta
Je ne le savais pas encore mais cette journée allait être la journée parfaite du voyage à vélo !
Après une sortie de Pampelune par la grosse route pas très intéressante ni confortable, je rejoins la voie verte de la Plazaola. C’est aussi une ancienne voie de chemin de fer (mais attention, il y a quand même quelques montées raides) avec pas mal d’anciens tunnels dont un très long (n’oubliez pas les lumières). La voie est globalement en descente dans le sens que j’ai pris. Sur l’ensemble du parcours, j’ai trouvé les paysages incroyables. Il y a des portions où l’on arrive au milieu de nulle part, dans un décor de collines assez encaissées mais nous on roule presque à plat grâce aux tunnels et au travaux faits pour le train.
Je vous conseille quasiment obligatoirement de faire un arrêt à Lekunberri dans l’ancienne gare très joliment réhabilitée en restaurant avec moults pintxos et un personnel très sympathique. Il y a un service de locations de vélos dans une ancienne rame de train pendant la saison.
Après cette pause, les paysages n’ont fait qu’être de plus en plus beaux au fur et à mesure de l’avancée. On ne croise que des moutons ou des ânes et on profite de la vue à chaque virage.
On a envie que ces routes ne s’arrêtent jamais mais j’ai dû la quitter avant la fin pour une dernière montée pour rejoindre la vallée de l’Urumea. 15km de descente sur une petite route sans aucun trafic pour rejoindre l’auberge où je passe la nuit. La dame parle français, je suis seule (comme j’avais pris une nuit en dortoir, c’est très appréciable), il y a un jardin qui donne directement sur la rivière qui elle donne directement sur un petit pont en pierre. Que demander de plus ? Une épicerie avec bières locales à deux pas et une cuisine pour se préparer un bon dîner ? Je les ai eues aussi !
62km, 950m de D+
Jour 7 : de Goizueta à San Sebastian
Ca devait être l’avant dernier jour du voyage mais les grèves de la SNCF en ont décidé autrement. Il me faut donc rentrer un jour plus tôt et ce jour sera finalement mon dernier.
Je poursuis la descente dans la vallée de l’Urumea et entre dans le Gipuzkoa. C’est l’une des trois provinces de la communauté autonome du Pays Basque. Je suis accueillie par de la pluie comme il se doit au Pays Basque. La rivière Urumea grossit et est en fait un fleuve vu qu’elle rejoint l’océan. Je continue à la suivre globalement en descente (avec quelques montées quand même) puis arrive dans la périphérie de la zone urbaine de San Sebastian / Donostia qui est une grosse zone industrielle. Après un passage routier pas très sympathique, je rejoins une piste cyclable sur les derniers 5 km qui me permet de rejoindre sereinement San Sebastian et l’océan. L’après-midi est consacré à la visite de San Sebastian et à la dégustation des derniers pintxos du voyage. Je dors à l’auberge avant de faire le trajet du retour vers Paris le lendemain matin.
33 km, 290m de D+
Conclusion
Cette semaine de voyage à vélo Gravel depuis les Bardenas en Navarre jusqu’au Pays Basque aura rempli toutes ses promesses. Les paysages étaient au rendez-vous, avec des beaux points de vue (l’intérêt d’avoir du relief même si ça fatigue les jambes). Vu depuis le vélo, les paysages étaient également variés, entre le désert des Bardenas, les pâturages des moutons, les anciennes voies de chemins de fer de Navarre au milieu des collines creusées et les arbres en bordure du fleuve Urumea au Pays Basque. Les délicieux pintxos et tortillas que l’on trouve dans chaque bar/café en font les parfaits alliés du cyclotouriste pour remplir les petits creux. Du fait du passage par des grosses routes, je ne conseillerais pas ce parcours avec des enfants et conseillerais aussi d’éviter la haute saison. Mais au global, cela reste une super semaine de vacances à vélo. Vivement la prochaine !